jeudi 12 octobre 2017

FAUX DEPART de Marion Messina, Le Dilettante Edit. 222p. 17€

Il n'est pas marqué Roman sur la couverture et à l'intérieur non plus, aussi il faut prendre ce livre pour ce que l'on ressent en le lisant, un réquisitoire imagée contre ce que le monde social-démocrate de la France a édifié en quelques décennies. On comprend pourquoi le PS s'est disloqué, la Droite-chiraquienne-sarkhozienne-fillonniste s'est effondrée... La "jeunesse" d'Aurélie, d'Alejandro, de Franck, Benjamin etc. ressemble à l'épuisement de la Vie. Qu'ils viennent de Colombie comme le premier ou de Grenoble ou des Ardennes ou d'ailleurs, qu'ils fassent des "études" ou font semblant d'en faire, qu'ils s'entrebaisent, se sodomisent ou pratiquent la fellation ou le missionnaire ou autre, qu'ils courent les petits boulots ou les boulots intéressants, s'emmerdent dans des "boîtes" à cloper ou se saouler, s'emmêlent dans une pièce de 25m2 ou des taudis, rompent avec leurs géniteurs prolos appéroteurs ou lointains, bref, un monde de la sinistrose, de la désespérance, une description voulue rageuse entre Houellebecq et un Céline de bas niveau, voilà ce qui ressort de cette lecture. La France de 2017 n'est qu'une vaste entreprise de démolition de la jeunesse non branchée, non déterminée, d'une jeunesse d'assistés, repue sexuellement, à l'esprit en friche, sans vrais désirs. Une apocalypse de l'âme lorsque la mère et la fille se complaisent toutes deux devant des films pornos. Aurélie et ses jeunes partenaires de cul n'ont que mépris pour le travail qu'ils décrochent, ils n'y voient qu'un servage sans issue. A vingt ans tout s'est déjà figé sur le "rien".
L'auteure de ce livre a l'expérience d'un prof d'amphi, ou de technique, d'une jeunesse qu'elle côtoie, d'où suinte le crépuscule d'une époque.
On comprend mieux l'élection d'Emmanuel Macron par leur silence ou leur absence. 
14/20
Hermès         

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