vendredi 17 février 2017

Nouvelles... de France...

Chère Amie,

Vous me demandez des nouvelles de Paris et de France, il y en a tellement que je ne sais lesquelles vous feront plaisir. Tout est si alambiqué et divers que l'on ne sait où donner la tête, si on peut vraiment encore l'avoir claire. Les évènements s'enchaînent, mais je puis vous dire que le 22 février va démarrer une très très belle exposition Vermeer de Delft au Louvre, le tiers de ses tableaux sera présent à cette occasion, et cela vaudra vraiment la peine que vous y fassiez un tour. Toujours bien sûr les expositions à la fondation LVMH, qui reste un sanctuaire de la modernité et du bon goût. Orsay aussi vaut le détour. Je sais que vous aimez y faire un passage quand vous venez à Paris, ne manquez pas cette fois-ci encore, il y a toujours des surprises. vous avez certainement entendu parler du Salon Rétromobile, qui a réuni des très très belles voitures de collection dans les jardins de l'Eglise des Invalides. Ceux qui venaient visiter le tombeau de Napoléon n'ont pas pu le manquer. J'aurais du vous écrire, chère Amie, pour faire IN, "louper"... C'est vrai que l'argot chic évolue, et qu'avec les D'jeunes d'aujourd'hui, il faut suivre. Je ne sais si vous avez pu vous mettre à l'Internet, si oui, je vous aurais reçue dans mes messages, et comme je ne vous y vois pas, je pense que vous n'y êtes pas arrivée... Laissez tomber si c'est trop compliqué, vous serez plus tranquille, et ne recevrez pas un déluge de messages publicitaires. Vous achèterez plus calmement en allant vous promener ou faire vos courses plutôt que de commander dans le e-commerce, comme on dit. Les achats bondissent dans ce secteur, même pour les livres ! C'est pratique lorsqu'on a très peu de temps, que tout est organisé pour que l'on travaille et vive à plein temps, mais parfois c'est assez sympathique de se balader, de flâner pour découvrir des choses nouvelles. Concernant la littérature, comme vous me le demandez, je n'ai rien à vous conseiller. Voyez vous même, regardez les couvertures, les titres, lisez, comme je le fais quelques pages chez les libraires. Personnellement, comme je vous l'ai dit, je n'aime pas trop ces confessions, ou fausses confessions, cela commence par "je", et se termine aussi dans le "je". C'est le regard unique, l'angle choisi pour définir et écrire, et souvent cela plonge dans ce que les écrivains ont de plus triste, ou dont l'expérience difficile a été enregistrée par leur sensibilité. C'est vrai que c'est lorsque l'on est frappé par quelque évènement étrange, surprenant, malheureux très souvent, qu'il reste imprimé en nous, et qu'il ressort au bout d'une écriture. C'est pourquoi je referme vite ces aventures personnelles qui ne me touchent que peu ou pas. Aussi ai-je cherché quelque chose d'autre, mais le temps qui vient est dominé par la politique, avec l'élection présidentielle en France. Comme vous les savez, c'est un roi que l'on couronne et non un président, mais ce roi, n'est pas comme le vôtre, démuni de pouvoirs, celui de France a des pouvoirs somptuaires et presque exorbitants. Alors c'est une sorte de guerre, un peu comme cela s'est passé en Amérique avec le combat des Républicains et des Démocrates. Mais en France, le pouvoir royal est encore plus important car pendant toute la durée du mandat présidentiel, il n'y a pas la possibilité de le remettre en cause. Il met à l'abri le Président pendant sa durée. Vous devinez combien cela attise les convoitises. "La Victoire" c'est le slogan des postulants. Alors le combat fait rage, remplit les journaux, les radios, les télévisions. Essayez, chère Amie, de capter la France sur un des canaux, comme TV5, et vous verrez que vous aurez un spectacle très réjouissant, comme au théâtre, une pièce avec de multiples acteurs, des rebondissements inattendus, Vous aurez toute la panoplie des personnages de Molière ou de Victor Hugo, des meilleurs auteurs de vaudeville, comme Feydeau ou André Roussin, du genre des comiques grinçants d'aujourd'hui comme les auteurs du "Père Noël est une ordure" ou "Le dîner de Cons" ; vous vous réjouirez des palinodies, des "mains sur le cœur", des accès de tendresse pour les minorités dont on veut les votes, toute la panoplie des intrigants sans scrupule que le désir de conquérir le cocotier de l'Elysée pour planer au-dessus de tout et de tous...
Chère Amie, vous allez peut-être sourire à cette lettre, et j'en serais très heureuse. Entre vous et moi, il y a encore cette complicité de bon aloi, qui, dans toutes ces sphères de la France d'aujourd'hui, semble avoir disparu. avec Diogène et sa lanterne on ne les trouve nulle part, sinon dans les grands palaces ou les hôtels de grand luxe, où l'on a appris à se courber devant les pluies de dollars et d'euros, qui pleuvent de certains clients. Mais restons la tête froide, regardons ce que nous sommes, des amies de grande compagnie, comme jadis le furent ces belles correspondantes de Versailles et de Paris. Ainsi nous vivons un peu hors du temps présent, où des banlieues brûlent, des hommes s'écharpent, la torche du Saturne de Goya enflamme certains coins de notre planète...

Je vous embrasse, chère Amie, sur les deux joues en vous souhaitant de garder précieusement un petit coin de bonheur dans le cœur et en vous  priant de me croire votre très fidèle et affectueuse

 Marie-Chantal

(copyrights H.Zaphiratos) 

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