Les Trentenaires sont là
avec leurs corps gracieux et agiles. L’été est là, magnifique sur la baie. Les
voiliers sont là. Le soleil illumine l’océan du temps.
Hier dans le petit restaurant au nom chanceux
de « Baraka », la jeune serveuse est passée près de nous, laissant
apercevoir la beauté arrondie d’un sein. Elle ne l’a pas voilée comme Sophie
Marceau montant les Marches de Cannes. Quand je lui ai dit « Vous avez un
charmant avantage ». Elle a souri et a m’a dit « merci »,
heureuse que dans l’anonymat d’une foule de clients, quelqu’un ait remarqué sa
délicatesse d’été. Une petite seconde de bonheur entre elle et nous.
La foule a envahi les
quais du port. Les étalages de nuit sont illuminés sur des produits venus des
quatre coins du monde, comme il y a deux mille ans les débarcadères des ports
grecs et romains. Sous des palmiers éclatants on cause, des rires fusent. Des
enfants à moitié endormis passent, dans les bras de leurs pères. Les mamans
suivent, nonchalantes, le regard perdu sur les devantures de robes légères, de
dessous affriolants. Au-dessus du marchand de tabac et journaux, le losange
rouge flamboie. C’est une nuit d’été simple au bord de la mer.
Des skippers préparent
leurs voiliers pour la prochaine régate.
Nous avons repris la
voiture après cette douce soirée. Certains sont partis prendre le bain de
minuit en abandonnant leurs maillots, d’autres ont continué la fête dans une
petite boîte aux lampions, dans les pins. Nous avons suivi la route qui longe
le bord de la mer. Sur des kilomètres des ombres promenaient leurs rires et
leurs jeux. Puis, nous nous sommes glissés dans la nuit. Les sons lourds des
sonos se fondaient dans le vent léger.
M. s’était endormie. Son
profil se dessinait sous l’éclairage du tableau de bord. Je l’aimais pour tout
ce que nous avions vécu. Pour les jours gagnés et les jours perdus.
Là-bas, dans l’Orient
profond, les jours et les nuits ont toujours une couleur de sang.
Extrait de mon Journal H.Zaphiratos
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