Carole Barjon.
l'auteur, répond en alignant nommément tous ceux qui, depuis quarante ans, depuis le passage de "l'obscurité à la lumière" dixit Jack Lang, et disons cinquante ans, lorsque la Droite qui a abandonné l'Education nationale à la Gauche, ceux qui ont
empilé réforme sur réforme, pour en arriver à un nombre impressionnant d'illettrés en France aujourd'hui. Les faux pédagogues se sont emparés du pouvoir de tout chambouler rue de Grenelle, ceci que René Haby a institué le collège
unique.« Un crime », dit Carole Barjon. Oui :
les assassins dont elle brosse brillamment le portrait sont des tueurs en série
qui ont bousillé déjà deux générations, et se préparent à détruire la
troisième.
Il aura fallu que la journaliste, auteur du réquisitoire, Carole Barjon raconte sa stupéfaction devant les déclarations des maîtres de ses
enfants. Comme si tous ceux qui disaient, écrivaient témoignaient pendant ces années-là (50 ans !) n'avaient pas alertés, rouspétés, étant parents, voyant qu'ils ne pouvaient suivre la "pédagogie des ensembles" de leurs enfants...
François
Bayrou a eu beau « enterrer promptement », pour ne pas
« insulter » les instituteurs, le rapport sur l'illettrisme qui, déjà
en 1996, expliquait que « 15 à 20 % d'élèves de chaque génération ne
maîtrisent pas la lecture à l'entrée au collège », ça a fini par se savoir
– à force de recevoir des mails illisibles, des demandes d'emploi phonétiques,
et de constater que des journalistes, même d'un grand quotidien de référence, bousculaient
l'orthographe.
Il s'agissait pour la Gauche marxiste de détruire le monde bourgeois, la reproduction des élites, et pour cela il fallait "séparer" les enfants des parents. Que les parents "bourgeois" du "passé" ne puissent plus interférer sur l'instruction de leurs enfants. Ainsi on remplaçait le système "syllabique" plusieurs fois millénaire par le système des "ensembles", l'objet montré défini par l'enfant... mort de la lecture à haute voix, de la récitation (fini La Fontaine, Rimbaud etc. ou si peu).
Ceci a
« aggravé les inégalités– a institué de fait un système qui avilit
encore davantage ceux qui n'avaient aucun bagage et privilégie davantage les
« héritiers », objets de leur suspicion.
L'auteure cite Les grands nuisibles
"
Parmi les insectes rongeurs, il y a des institutions
prises en vrac – l'inspection générale, par exemple, de Katherine Weinland, d'Anne Vibert Puis il y a l'essaim des prédateurs connus. Christian
Forestier, « l'insubmersible », chouchou de tous les régimes, qui,
sous Bayrou-Lang et encore aujourd'hui, « a appuyé le mouvement
pédagogique, cautionné les nouvelles règles d'enseignement de la lecture à
l'école primaire et du français au collège ». Le voici à la fois
conseiller occulte des ministres de gauche et président du conseil scientifique
de la Fondation pour l'école, émanation du très libéral Institut Montaigne : de
l'art et de la manière de garder toujours deux fers au feu. À lui le mérite
d'avoir empêché Gilles de Robien de promouvoir dès 2006 la
méthode alpha-syllabique.
En cela, il a été puissamment aidé de Roland Goigoux
qui," du bout des dents, consent à admettre que oui, peut-être, « on »
a été trop catégorique en matière de méthode à départ global… Goigoux, le deus
ex machina de l'enseignement de la (mauvaise) lecture. L'homme à qui une
génération entière, nourrie de Ratus et de Crocolivre, doit de ne
lire jamais qu'avec ses pieds – et comme un pied. Viviane Bouysse, autre
inspectrice générale, « impératrice du primaire », a puissamment
épaulé – et encore aujourd'hui – ces deux idéologies inspirées par les théories
fumeuses de Jean Foucambert et de sa méthode « idéo-visuelle ». Ou
d'Éveline Charmeux, le gourou hystérique des dyslexies provoquées."
" l'homme par qui le scandale est vraiment
arrivé – Lionel Jospin et sa loi de juillet 1989, bel anniversaire !
L'homme qui a mis l'élève au centre du système et le
« constructivisme » (l'élève construit seul son propre savoir) sur un
piédestal. L'homme qui a inventé les IUFM, sur les conseils de l'ineffable Philippe
Meirieu – « M le Maudit », s'amuse Carole Barjon –, qui préconisait
d'apprendre à lire dans les notices d'appareils ménagers (Carole Barjon a
retrouvé la trace exacte de cette monstrueuse proposition) parce qu'il faut
« partir de ce qui intéresse les masses » : jamais le mépris du
peuple dans la bouche d'un homme de gauche ne s'est exprimé avec une telle
pureté.
Et il y a encore le cas des deux Alain – Alain
Boissinot et Alain Viala. Le premier, inspecteur général, caution
« pédago » chez Bayrou, indégommable depuis, a recruté le second,
alors professeur de littérature du XVIIe siècle à Paris-III (il venait de
publier Racine, la stratégie du caméléon, dont on se demandera toujours
si c'était un ouvrage de dramaturgie ou le début d'une autobiographie).
Ensemble, ils ont modifié en profondeur l'enseignement du français, appliquant
à la lettre les consignes héritées (si je puis dire) de Bourdieu, le gourou à
distance de tous ces idéologues coupés du réel.
Comme le dit très bien l'ancien recteur Alain Morvan,
interviewé par l'auteur, « on a remplacé une culture élitaire par une
culture anti-élitaire qui est franchement élitiste ». Les programmes de
français du collège ont été rédigés par un émule de Meirieu – Jean-Michel
Zakhartchouk. Déjà retraité, jamais retraité.
François Dubet, le sociologue de
service, « le vrai penseur organique du ministère de l'Éducation »,
dit encore Marcel Gauchet. L'homme des IUFM et de la loi Jospin, du socle
commun qui a abaissé sous le niveau de la mer le seuil d'exigence, et des
« compétences » conformes aux diktats de Bruxelles. Carton plein.
Pour lui, « les contenus du collège devaient être adaptés à « ce que
doit savoir le plus faible des élèves quand il en sort », expliquait
cet augure en 2001. Mission accomplie.
Tous insubmersibles, parce que « les ministres
passent, les pédagos restent », dit Carole Barjon avec perspicacité.
Aujourd'hui sont encore au pouvoir Florence Robine (à la tête de la DGESCO) et
Michel Lussault, concepteur des nouveaux programmes, l'homme qui n'aime ni la
nation ni les Lumières, et qui change en cet automne tous les programmes de
tous les ans...
Denis Paget, qui a contribué aux travaux de cette
commission d'apocalypse, a murmuré à Barjon que c'était « une première et
une folie ». Même Jack Lang, que l'on croyait proche du pouvoir en place,
lui a affirmé que c'était « un pur scandale ».
Un enfant
scolarisé aujourd’hui bénéficie, rien qu’en primaire, de 630 heures de français
de moins qu’un enfant des années 1960. "
Comment, s'indigne Carole Barjon, un collégien peut-il
comprendre qu'un adjectif épithète anglais nes'accorde pas quand il ignore
qu'en français c'est le contraire ? Il faut faire de la grammaire de façon
méthodique, de la « grammaire de phrase », et non cette
« grammaire de texte » où au hasard on picore pour expliquer tel fait
grammatical non connecté aux autres. Il faut faire des dictées, encore et
encore...
Le mal fait à l'instruction publique, le snobisme de l'écriture ordinaire, sans style, sans l'âme profonde de la langue s'est répercuté dans les sphères éditoriales, les éditeurs, leurs comités de lecteurs rejettent systématiquement les livres biens écrits pour le style scénario, banal, sans saveur, sans odeur... Les "émissions littéraires" ne sont que les vitrines des éditeurs pour vendre leurs produits industrialisés... médiocrité recherchée pour la confusion des esprits, "le lard pour l'art"
Ces gens-là veulent le remplacements du français comme langue pour du francaoui baragouigné et écrit couci-couça...
Et certains de ces mêmes hommes politiques se représentent aux suffrages des Français !
Hermès
(Textes tirés, en partie, de l'article. de JP.Brighelli-Le Point)