mercredi 30 juillet 2014

Ecrits de guerre, d'Antoine de Saint-Exupery, Folio Edit. 522p 8€

L'un de nos plus grands écrivains : Vol de nuit, Citadelle, Le Petit Prince...etc.
Pendant la guerre, il se bat, et mourra au large de Nice dans un vol de reconnaissance en 1944. 
"De Gaulle et Pétain se le disputent sans que l'écrivain ne penche ni pour l'un ni pour l'autre. Au Général qui proclame «Nous avons perdu une bataille. Nous n'avons pas perdu la guerre», il répond: «Dites la vérité, général, nous avons perdu la guerre. Nos alliés la gagneront.» Au Maréchal qui le fait nommer sans le consulter au Comité national, il fait savoir qu' «il n'est pas un homme politique» et «qu'il aurait décliné la présente nomination s'il avait été consulté». Ce démenti ne suffit pas. André Breton, accusateur public, déclenche sa fureur contre Saint-Exupéry. Ce dernier rédige une longue réponse au pape du surréalisme (qu'il n'enverra pas finalement). Le ton est ferme. Il s'en prend «aux exercices oratoires qui assurent une audience tranquille». En fait de résistance, dit-il, «je crois aux actes, non aux grands mots». Comment juger, de New York ou de Londres, explique-t-il, le courage ou la lâcheté des Français qui vivent sous la terreur de l'occupant nazi? «Je n'ai pas une âme d'inspecteur.» Dans cette même lettre, en quelques lignes, il fait d'André Breton le père de la société de surveillance: «Ah! mon pauvre ami, je préférerais me faire trappiste plutôt que passer trente heures dans la société coranique que vous prétendez nous préparer, où l'homme n'est plus jugé sur sa qualité d'Être mais sur son formulaire, où les Manifestes tiennent lieu de cœur, où les voisins de palier s'érigent en dénonciateurs et en juges, où rien n'est respecté de la patrie intérieure, où vous prétendez clarifier et assainir l'individu en le violant en permanence selon toutes les techniques connues de vous, dans le but d'étaler sa tripaille au soleil dans une sorte de foire aux puces universelle.» En proie à une profonde mélancolie, il se sent de plus en plus étranger aux calculs politiques, aux avancements d'ambassades, aux règlements de comptes entre Français. En juin 1943, à Oujda, au Maroc, il rédige une lettre d'une noirceur effroyable. Au général X, il dit voir venir «l'homme robot, l'homme termite (…). L'homme qu'on alimente en culture de confection, en culture standard, comme l'on alimente les bœufs en foin». Il poursuit: «Moi je hais cette époque, où l'homme devient sous un “totalitarisme universel”, bétail doux, poli et tranquille.» Ne connaissant ni la paix du cœur, ni la paix des nerfs, l'officier, malgré la limite d'âge, parvient en 1944 à rejoindre son escadrille. Il ne veut plus écrire mais combattre pour la liberté, celle «qui se situe exactement à la frontière de l'empire intérieur». 
Textes de Saint-Ex. publiés in Le Figaro, choisis  et présentés par Vincent Trémolet de Villers
Hermès

Le face à face : islam et chrétienté de Claude Sicard, Edit.Histoire essentielle 2014 25€

L'auteur met face à face deux religions que tout oppose. L'une prône l'exclusive et le rejet, la mort ou la soumission de l'autre, comme si son Dieu ordonnait d'exterminer les non "croyants"ou de les soumettre à la volonté des "croyants", et la seconde prône la miséricorde et l'ouverture à tous...
Ce face à face a lieu depuis mille trois cents ans... Aujourd'hui le problème se repose dans nos sociétés démocratiques et laïques.
L'auteur ingénieur agronome s'est penché sur le sujet et le met en lumière.
Il a aussi écrit un autre livre " Islam au risque de la Démocratie".
La Démocratie rejetée par les fanatiques...
A lire son entretien de présentation dans "Le Figaro".
Hermès

lundi 28 juillet 2014

Nouveautés ...

-L'AUTOROUTE de Luc Lang
-EDUCATION CATHOLIQUE de Catherine Cusset NRF
-L'ÎLE DU POINT NEMO de Blas de Roblès
-ELIXIR D'AMOUR d'E.E. Schmitt - Albin Michel
-NUIT DE NOCE A IKNOS de Sophie Kinsella -Belfond
-THEOREME DU HOMARD de Graeme Simsion - Nil
-LE VOYAGE DE DORIAN de Henry Zaphiratos - Publibbook
-LE FABULEUX DESTIN D'UNE VACHE qui ne voulait pas finir en steak haché de David Safier Presse de la Cité 
-PAS PLEURER de Lydie Salvaire 
-LE FACE A FACE ISLAM-CHRETIENTE. de Claude Sicard
-ECRITS DE GUERRE d'Antoine de Saint-Exupéry
-FRANCOIS I° de l'Empire de J.L. van Hauck

vendredi 25 juillet 2014

Un Algorithme pour juger de la qualité d'un livre ! in Le Figaro


La maison d'édition français Short Edition est en train de développer une équation capable d'évaluer les propriétés littéraires des ouvrages qui lui sont soumis.
Voilà une invention de nature à donner des sueurs froides aux critiques littéraires et éditeurs de tout crin. La maison d'édition Short Edition a annoncé au site Actualitté entamer l'élaboration d'une équation capable de jauger en quelques secondes la qualité littéraire d'un ouvrage qui lui serait soumis.
Selon Quentin Pleplé, le cofondateur de la maison d'édition interrogé par Actualitté, sa société collabore en ce moment même avec des organismes spécialisés, comme le LIRIS (Laboratoire d'Informatique en Image et Systèmes d'information) afin d'élaborer une formule mathématique complexe mêlant «Data mining» (exploration de données) et «Big Data» (littéralement grosses données).
Le procédé derrière ces calculs savants s'explique facilement. L'intelligence artificielle de la machine se développera dans un premier temps à partir d'un panel de 25.000 œuvres publiées par Short, des ouvrages déjà évalués par un minimum de cinq lecteurs humains au préalable. À partir des résultats des premiers tests, la maison d'édition «commencera à faire apprendre la machine: l'intelligence artificielle va traiter les données et établir des liens entre la qualité et les exigences».
L'ordinateur devrait, par la suite, être capable d'évaluer un livre de lui-même sur la base de multiples critères. L'algorithme pourra scruter, en vrac, les fautes d'orthographe et de ponctuation, la récurrence de motifs sémantiques (répétitions), le champ lexical (vocabulaire utilisé, registre de langue) et la longueur des phrases et des paragraphes. Chose plus complexe, il pourra jauger le style de l'auteur, qualifié selon le nombre d'adverbes, d'adjectifs, de pronoms, de verbes, de noms utilisés et la lisibilité du texte, défini relativement à un échantillon allant de l'ouvrage de jeunesse au traité d'économie.
Et cette découverte pourrait ne pas s'arrêter là. Le fondateur de Short Edition imagine déjà vendre sa petite merveille technologique à d'autres acteurs du monde du livre, des médias aux bibliothèques. «Elle pourra par exemple servir pour les bibliothèques, dans la classification d'ouvrages numérisés, mais également pour la presse. Dans l'édition, elle pourra apporter un premier éclairage sur les ouvrages reçus», assure ainsi Quentin Pleplé.

Une aide pour les éditeurs plutôt qu'une menace

Une telle nouveauté soulève immédiatement de nombreuses questions d'ordre moral. Remplacer l'homme par la machine ne va-t-il pas conduire inévitablement à une uniformisation du paysage littéraire? Quid de la spécificité d'un auteur, pensons à Louis-Ferdinand Céline, par exemple, dont les qualités ne sont en aucun cas réductibles à la somme de tous ces détails stylistiques?
Ces doutes, légitimes, la maison d'édition tient à les apaiser. Que les Cassandre qui verraient déjà dans cette invention la fin d'un monde se rassurent: «Il ne s'agit pas de remplacer notre Comité éditorial par une machine, plutôt que cette dernière serve de filtrage-assistant, dans une détection, moins de la qualité littéraire, que de l'absence de qualités». En clair, la machine servira simplement à établir une pré-sélection de nature à économiser un temps précieux aux éditeurs, qui pourront alors faire leur travail, irremplaçable, de manière plus efficace. La technologie à l'aide de l'humain, les mathématiques main dans la main avec la littérature, et pas le contraire.
Claire Rodineau in Le Figaro






Le Père de Florian Zeller, drame avec Robert Hirsch... Chef-d'oeuvre !

Avec Yasmina Reza (Art), E.M.Schmidt (Le Visiteur), Florian Zeller se révêle un grand auteur du théâtre contemporain, sans compter Francis Veber avec ses comédies. La pièce retransmise par Arte a été admirablement mise en scène par Ladislas Cholla, mise en images par Christophe Charrier... et admirablement interprétée par Robert Hirsch. L'encadrement des autres rôles a été excellent, je cite Isabelle Gélinas, Patrick Catafilo, Sophie Bouilloux, Eric Boucher...
Florian Zeller avec une grande maîtrise et perspicacité, un style brillant décrit la lente dérive d'un vieil homme, brisé par la disparition lointaine dans le temps, de sa fille Louise, qui vit l'entrée dans la maladie d'Alzheimer, soutenu par son autre fille admirable : Anna.
Ce texte, cette pièce fait maintenant partie des chefs d'oeuvre classiques, comme une tragédie antique de Sophocle ou d'Eschyle, d'Euripide...
18/20
Henry Zaphiratos  

Jour de fête/Les Vacances de Monsieur Hulot/ Mon Oncle/ Playtime... Jacques Tati


Jacques Tati, l'un des plus grands cinéastes...
Hermès

mercredi 23 juillet 2014

Devant la mer 1 de H.Z. extraits :

"Tel que je le conçois:
Le théâtre, une flamme intérieure qui dévore tout
Le roman, une musique intérieure ou un opéra tempétueux
La poésie, le jaillissement de la vie.
La chanson, un éclat d'amour."

mardi 22 juillet 2014

Démarche d'un poète, de Jean Cocteau, Notes sur la création et sur ses rencontres artistiques et littéraires, Grasset Edit. 140p. 2013

La réédition d'un livre paru en Allemagne, puis en France en 1953. Réédition opportune pour plonger dans le mystère de la création artistique qui fait brusquement passer les arts de décoration, en art de création pure, de la peinture de Ingres ou Delacroix à celle des Cubistes, de Picasso, et à ce nouvel art du XX° siècle; qui se veut libéré, créatif.
Cocteau a vécu cette évolution, et a aussi compris le mouvement qui éclata au début XX°siècle et dont, pour lui, les quatre représentants les plus éclatants furent Radiguet, Stravinsky, Picasso, Erik Satie... qui lui ont appris l'"insulte", c'est-à-dire la révolte contre le conformisme, et l'ouverture à soi, dans sa complexité artistique, dans laquelle se trouve la Beauté...
Jean Cocteau n'a pas voulu ou pu (?) écrire ses Mémoires, son autobiographie... Il a laissé ce texte, mélange de conférences, d'interviews, de notes...
Texte très intéressants, présentés par David Gullentops.

"Le poète marche enveloppé d'un brouillard d'inexactitudes, de paroles mal transmises, d'actes qu'il n'a pas commis, de légendes."  Jean Cocteau  Page 52

14/20
Hermès

samedi 19 juillet 2014

Ce Pays qu'on abat, chroniques de Natacha Polony - Plon Edit.

Natacha Polony paraphrase le titre du livre d'André Malraux "Ces Chênes qu'on abat", où se trouve le dialogue qu'il a eu avec le Général De Gaulle, à Colombey-les-Deux-Eglises.
Ce pays qu'on abat c'est la France.
L'auteure suit à travers ses chroniques la descente implacable de la France dans les enfers de la division...
A lire pour méditer
Hermès

Nouveauté : Ce Pays qu'on abat, de Natacha Polony - Plon Editions.. Chroniques 2009-2014

jeudi 17 juillet 2014

Les Lueurs de l'aube, de Roland Appamon, roman Société des Ecrivains Edit. 230p. 22,95€ 2014

 Vies et destins dans le Léon, une région de la Bretagne à l'époque de Louis XIV. Un roman qui décrit bien la vie des gens, le pouvoir des évêques, dont celui de la région qui veut créer une milice armée inter-paroissiale, à côté des détachements de l'armée royale et recourt même à la contrebande d'armes avec les Anglais. A travers le héros de roman, Yvon, la Bretagne superstitieuse, miséreuse apparaît. Dommage que l'auteur n'ait pas situé l'action au moment de la révolte des Bretons contre le pouvoir royal, en 1675...
12/20 
Hermès  

mercredi 16 juillet 2014

Info : Une Université catholique à Saïgon !

Mgr Paul Bui Van Doc, nouvel archevêque de Saïgon, au Vietnam, a annoncé lundi 14 juillet dans un entretien au site italien Vatican Insider, qu’une université catholique pourrait voir le jour dans un an à Saïgon, en partenariat avec l’Institut catholique de Paris.
Selon l’archevêque, cet événement marquera un tournant décisif dans l’histoire de l’Église catholique du Vietnam. Cette université serait le signe du retour de l’Église catholique sur le terrain de l’éducation.

Le droit à la liberté d’éducation avait été retiré aux catholiques en 1954, lors de l’arrivée au pouvoir du Parti communiste. En 1975, les universités catholiques de Da Lat, la plus ancienne, et de Saïgon avaient été obligées de fermer.

Elisabeth Lévy et sa revue "Causeur"... ou de l'art de la présentation...

Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction de Causeur
"J'ai toujours rêvé de tenir salon, parce que la réflexion critique et le désaccord civilisé ont largement déserté le discours médiatique, miné par le conformisme et le moralisme de bazar. C'est pour vous et tous ceux que le ronron dominant exaspère que j'ai créé Causeur, avec quelques esprits libres venus d'horizons idéologiques et professionnels divers.
Plus qu'informer, nous entendons éclairer, analyser, critiquer l'actualité, faire réfléchir et faire rire, au risque d'agacer voire de choquer.

On nous dit souvent que Causeur est une bouffée d'oxygène. Alors que certains points de vue sont privés d'expression et que des sujets sont soustraits à la discussion, nous sommes convaincus de contribuer utilement au débat public."

dimanche 13 juillet 2014

"Une Parisienne à Chicago - 1892-1893" Petite Bibliothèque Payot Edit. Collection Voyageur

Un petit livre très intéressant sur la façon de concevoir l'école aux Etats-Unis et en France à l'époque. A noter qu'en France l'école était obligatoire jusqu'à la fin de la septième... Le diplôme du Certificat d'Etudes Primaires était un examen.

samedi 12 juillet 2014

Textes du Prince de Ligne, "Anecdotes et Portraits, Un voyage en Russie, Maximes sur un art de vivre", Edit.Livre Club des Libraires, 268p. Edit. de 1964

Le prince de Ligne, né en Belgique, quand ce pays dépendait de l'Empire des Habsbourg-Lorraine (Autriche) a écrit toute sa vie. Il dit lui-même que dès qu'il avait un instant il écrivait, et n'importe où. D'où ses textes magnifiques sur l'Europe du XVIII° siècle, sur les cours de Versailles, de Vienne, sur la Grande Catherine de Russie, sur J.J. Rousseau etc. Toute l'Europe littéraire, diplomatique, militaire, parlait français. Le prince de Ligne avec légèreté, ironie raconte sa vie, amoureuse, militaire, de courtisan, mais aussi d'amoureux de la littérature, d'amoureux de son siècle, et grâce à lui on plonge avec plaisir dans ces années où les privilégiés de la naissance, de la fortune, vivaient dans une sorte de monde irréel, aérien, que l'on pourrait comparer à celui de nos footballeurs, stars, hommes politiques ou d'affaires, industriels, banquiers etc. Mais, notre époque n'en n'a pas encore révélé l'équivalent littéraire, comme le XVIII° avec Casanova, Voltaire, de Ligne etc. L'écriture du XX° siècle reste rugueuse, éminemment psychologique, profonde, Balzac, Chateaubriand, le naturalisme de Zola, Maupassant..., le roman russe sont passés par là. C'est qu'il y a eu entre temps deux bouleversements majeurs : la Révolution française, que de Ligne vit du "dehors"( il a connu, parlé, dansé avec Marie-Antoinette), les deux effroyables guerres mondiales de 1914/1918, et 1939/1945 et leurs cortèges d'atrocité...
Très belles pages sur les jardins qu'il adorait, et sur Marseille et la Provence (Gemmenos) qu'il considérait comme un paradis avec son paysage d'orangers, de violette, la mer, le charme des habitants, des "amoureux", le son des galoubets, le château Borelli (p.228) etc.
Aussi ces textes du prince de Ligne sont précieux, comme témoignages, et comme repos de l'esprit tant ils sont bien écrits... A des années-lumière de la médiocrité de certains livres...
A noter qu'il écrit de la Crimée que la Russie de Catherine II vient de conquérir... Ce territoire la Chersonèse d'Or, tour à tour grecque, byzantine, génoise, ottomane, tartare avant de devenir russe au XVIII° Siècle ! Aujourd'hui cette appartenance à la Russie est contestée par certains Occidentaux...
19/20
Hermès 

mardi 8 juillet 2014

Eux, de Claire Castillon, Editions de l'Olivier, 146p. 2014

"...Je prends une douche. Les héréditaires m'envoient de l'eau sale, l'eau de la plonge, l'eau de leur ventre."  Extrait page 34

"Un enfant dure vingt-cinq ans,tu sais.
 Pas plus?
 Et puis surtout, elle sait que ton gars et toi, vous ne resterez pas ensemble..." Extrait p.60

"Le bébé me fait peur. Il a sa taille adulte. Il bêche sous mes côtes.
  On te dit que c'est une fille ! Pourquoi l'appelles-tu il ?
  Si elle me détestait ? " Extrait p. 140

Le livre, qui n'est pas signalé comme "roman", est bien analysé dans ces trois extraits.
On fuit à l'idée de rencontrer ce genre de personnage, et on tremble aux malheurs de l'enfant non désiré s'il devait naître.

Une écriture pleurarde, lourdingue

00/20
Hermès

lundi 7 juillet 2014

Devant la mer... Mon père... Extrait du "Journal de Baby"...

« Songé à papa après un réveil nocturne. Il n'aurait pas aimé qu'on le vît vieilli, mais plein de force, l'œil impératif et brillant, l'esprit comme une étincelle perpétuelle, jaillissant d'idées et de débats Bangkok, Syphia-Road, Robinson qui le photographiait dans les estaminets thais où il aimait se détendre devant une limonade. Rome en 47, le borsalino qu'il m'acheta, moi prétentieux, avec ce feutre, le foulard et le costume trop neuf, en ces temps où l'Europe se cherchait et n'avait pas encore perdu ses vieilles habitudes bourgeoises vestimentaires. Les hangars de Ha-ly, dans la banlieue de Haïphong, Do-Son, la plage de Cua-Tung, celle de Nha-Trang, Long-Haï, Vat-Chaï, face à Hon-Gaï. Un matin je le surpris sur une de ces plages vides, tirant des troncs d'arbres que la mer avait rejetés. Il était heureux, l'espace lui appartenait, je crois qu'il dansait, tel Dyonisos, sur un rythme secret de Bouzoukias. La vie c'était pour lui la nature, l'eau froide du matin dont il s'aspergeait, et dont, pour réveiller ma virilité, il me douchait lorsque paresseusement je me levais du lit. Le tac-à-tac  de Dalat pour me conduire au Lycée Yersin, avec mon cartable sentant le cuir neuf, puis chez les frères lorsque j'eus échoué à l'examen de passage. Son regard impérieux sur mes fautes d'orthographe, boulevard de la Somme. Ses lectures, ses envies de lire dès qu'il avait un moment de libre et surtout à la sieste. Les ventilateurs (Marelli), les peaux de serpent, les compradores, les projets partout, pleins l'esprit, pleins le coeur, à Hanoï, à Shanghai, à Bangkok, à Kampot (moi, près de lui sur la photo). La mer toujours présente, les nuits sur les sampans pour fuir la chaleur et les moustiques, les routes, les pneus crevés en plein midi, le jus de coco, le lait du coco frais coupé. Les bungalows, les hôtels Morin de Tourane et de Hué, les jonques vietnamiennes et chinoises avec leurs grandes voiles brunes, le nuoc-mâm (le garum latin). Et les tantes, la tante Nà et sa pagode de bois avec le grand autel des ancêtres et Bouddha, les jardins aux effluves d'encens et de roses, les voitures, la 201 Peugeot, la route de nuit vers les économats des citadelles militaires de la frontière chinoise, les longues conversations dans la pénombre. La volonté farouche d'être, d'avoir raison, de vouloir réussir. Les bateaux, les plats à la grecque avec du lait, du fromage, de la viande hachée, au four. 
Qu'est-ce que tu en penses ? Et Pria, les Siamois, les femmes. Son regard amoureux sur les femmes, mais s'en gardant. Et Pâques... et Noël chantant "Le divin enfant..."au fond de l'église, chrétien avant d'être orthodoxe. Et les conversations sans fin sur une guerre sans fin sur la terrasse d'Oggeri, face à la mer, au Liberator, à la seule et unique figue de l'Annam qui poussait sur un maigre figuier. Et la canne, la marche dans la nuit en criant, pour chasser les voleurs masqués, et les romans policiers de la collection du "Masque" plein la malle arrière de la Renault, pour meubler un exil forcé après les bombardements des avions japonais sur Haïphong et la guerre sournoise avant d'être ouverte. Et la souffrance, mais l'amour de tout, de la vie, de tout."
-Devant la mer- Le Journal de Baby - Extrait- Henry Zaphiratos

dimanche 6 juillet 2014

Le Premier Mot, récit de Pierre Bergougnoux, Gallimard, 96p. 2001

Récit au style tellurique, avec des envolées, des phrases sibyllines, des métaphores recherchées, précieuses, parfois absconses... mais quelques dizaines de pages brillantes, surtout à partir de la cinquantième. Pierre Bergougnoux ne s'extrait pas du pays, du monde d'où il vient, le Quercy, le Limousin, le pays dur, rugueux, aux parois brutales, que traverse la Nationale 20. récit de son adolescence, de sa jeunesse emprisonnées, dont il sent qu'il veut, qu'il doit s'en extraire, mais qui lui colle à la peau... D'où ce style acharné de combat, de descriptions quasi apocalyptiques pour se dégager de la gangue de cette province engoncée, croit-il, vit-il à travers la souffrance morale du lieu, des siens, et physique d'un séjour à l'hôpital... Le salut lui viendra de Paris, la ville souveraine ouverte sur le monde, où il aboutira en faisant Normale-Sup, où il rencontrera d'autres esprits, d'autres êtres, venus d'ailleurs, du Moyen-Orient, ou de l'Europe profonde, où se débattront des idées, des projets, des clivages idéologiques, où s'affrontent l'argent et l'esprit. 
Il manque à Pierre Bergougnoux cette part de joie, de bonheur, de plénitude, de sûreté qui font les grands écrivains. L'écriture minérale travaillée, intellectualisée veut se mettre à part dans l'ordre littéraire, elle est trop besogneuse, non libérée, non solaire pour être aimée.
A noter que les grands auteurs sont pour la plupart issus de la province : Jean Giraudoux, François Mauriac, Balzac... sans compter l'Ecole de Brive...
14/20
Hermès    

jeudi 3 juillet 2014

L'Île aux salamandres, de Thierry Blaché, roman, Sté. des Ecrivains Edit.218p 2014

L'histoire commence pas mal, avec humour, avec une mère chabraque, un père plongé dans le bricolage, un jeune bachelier (le narrateur) prêt à subir n'importe quoi. Et ce n'importe quoi est un séjour de vacances exigé par la maman dans une secte dans une île de timbrés... On attend de l'action, des aventures, genre l'Île du Dr.Moreau, et malheureusement dès la vingtième page on tombe sur des dialogues ésotériques à n'en plus finir, de vagues histoires d'amour...
Pour ceux qui veulent se lancer dans le dédale de dialogues fumeux.
Impossible de mettre une note, n'ayant pu aller jusqu'au bout.
Hermès 

mercredi 2 juillet 2014

Ma saison avec Guillaume, de Francesca Dosi, roman, Société des Ecrivains Edit. 214p. 2014

Guillaume c'est Guillaume Depardieu qui est au centre de ce roman. L'auteure imagine (?) une prof à Parme qui tombe littéralement amoureuse du jeune acteur. Thésarde du cinéma et peintre, elle obtient un poste de doctorant à Paris... Elle ne rêve que de lui à travers ses films, ses passages à la TV, et fan déchaînée fait tout pour le rencontrer, allant jusqu'à Bougival où il habite etc. L'histoire est simple, mais l'auteur a délayé dans 240 pages des fantasmes ou la réalité, on ne sait. Guillaume enfant, acteur, poète, nouveau Rimbaud, corps souffrant... La jeune prof le rencontre enfin, et cherche à pénétrer dans sa vie intime etc.
Francesca Dosi a voulu aussi participé à sa  façon par son roman à la fascination du destin brillant et brisé de Guillaume D. 
Mais de ce livre au style étouffant émane une lourde tristesse.
9/20
Hermès

Peine perdue, roman d'Olivier Adam, Flammarion Edit. 418p. 21,50€

Le monde en noir. Déprime générale. Même dans un coin riant, de palmiers et de sable, on n'y voit qu'une mer grise, hostile, un sable désagréable, des placettes détestables... Les métiers font chier, tout est branlant, le monde des petites gens, est un monde sans espoir, on vous fout dehors, alors Pôle emploi... Les filles rêvent de mettre les mecs au pas : un toit, un boulot, des enfants, le tablier, la sécurité... Pas vraiment nouveau.
Le style est "mitraillette Kelly" . Tout s'enchaîne comme dans un grand roman pour vous entraîner. L'auteur nous fait passer d'une atmosphère à une autre, mais toujours dans la grisaille de la désespérance sociale... La tête dans le bourbier.
Déprimés s'abstenir.
13/20
Hermès

mardi 1 juillet 2014

Un truc très beau qui contient tout, lettres à Jack Kérouac de Neal Cassidy, Edit. Finitude, 336p. 23€

Un des membres de la Beat Generation avec Jack Kérouac, canadien français, Ginsberg, Burroughs, Neal Cassidy est le playboy de la bande qui les fascine et les entraîne...
"Post, post-scriptum, ...continue à travailler dur, finis ton roman & trouve dans la solitude, via la connaissance, la force & non pas le désespoir. Au fait, je commence un roman aussi..."
Hermès

La Trouille de l'écrivain à succès !!!

"A 40 ans, Olivier Adam a désormais onze livres derrière lui. C’est une valeur cotée qui devrait gérer la pression du succès avec la souplesse et l’assurance d’un vieux routier des meilleures ventes. L’homme reste pourtant un inquiet, pris entre deux feux, en retrait et dans l’arène. Après l’autoanalyse esquissée dans Les lisières, il revient au romanesque avec Peine perdue et ses 22 personnages.