mercredi 22 juin 2011

La Délicatesse, de David Foenkinos, roman, Gallimard Ed. 2009/11

Ce roman décrit en arabesques les rapports amoureux de Nathalie, François, Charles, Markus, Nathalie... dans le monde d'IKEA et très proche du modèle Suédois, des rapports patron-cadres-employés d'aujourd'hui, le tout truffé de citations évènementielles comme des citations ou extraits de romans ou chansons d'auteurs connus( Maupassant, Souchon, Cioran etc. avec des définitions de "délicatesse" du Larousse).
David Foenkinos a du talent et un sens de la psychologie, particulièrement celle des trente-quarante ans, pris dans le grand ensemble de la mécanique de la mondialisation, et de son administration. Avec finesse et "délicatesse" il montre comment les couples se forment, se reforment, comment l'impondérable peut quand même survenir et briser une partie de la vie, qu'il faut recomposer, recommencer, à travers la vie de tous les jours de l'administration d'une grande boîte internationale. C'est le contraire du roman d'Amélie Nothomb : "Stupeur et tremblements". Ici, l'ambiance est soft, très "descriptive". David Foenkinos observe ses personnages, les décrit, rapporte leurs dialogues, leurs élans, mais ne rentre jamais dans ce qu'ils sont, dans leur être intime, et reste au-dessus d'eux comme s'il ne voulait pas trop s'y attacher, semblant dire : "ils sont comme ça, voilà tout!". Et on comprend brusquement la distance qu'il y a entre une oeuvre profonde, et une oeuvre littéraire "démonstrative", lorsque l'on tombe page 190, sur cet "Extrait du "Baiser", conte de Guy de Maupassant : - Sais-tu d'où nous vient notre vraie puissance ? Du baiser, du seul baiser ! (...) Le baiser n'est qu'une préface, pourtant."
Reste que le roman de David Foenkinos est bien écrit, bien mené, et que l'on y trouve de très jolies phrases comme :"Il aimait les ruptures, passer du silence à la fureur."..."Trois ans à émietter une vie dans le vide", etc.

A noter que la deuxième partie du livre est plus banale, plus plate ; "on rentre dans le rang". Les personnages n'évoluent plus, ils sont figés dans leur devenir que l'on devine... et le roman devient soporifique, et tourne à la "camera-café" triste d'une grande entreprise avec ragots, jalousie, jeux de pouvoir sans intérêt, pour terminer par baffe et coup de poing sur le patron "amoureux-jaloux" d'une des "cadres"..., visite à la grand-mère de service et "happy end" dans le jardin... Loin du dossier 114 que l'on trimbale de bureau en bureau pendant tout le livre...

Une histoire banale... genre : Comment exister dans une atmosphère de bureaux et de couloirs à moquettes épaisses pour cadres ?

Mais l'époque n'est-elle pas ainsi... banale ?

14/20

Hermès

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