vendredi 25 février 2011

Quatre jours en mars, de Jens Christian Grendhal, traduit du danois en CHARABIA, Gallimard 2011, 448p.

L'histoire d'une femme responsable d'un projet immobilier à très gros budget, Ingrid Deyer, divorcée, mère de Jonas(15 ans). Celui-ci avec des copains un peu zonards racistes ont tabassé un jeune étranger dont la couleur de la peau ne leur revenait pas. Ils sont arrêtés. Le jeune homme a droit à deux appels téléphoniques, l'un à sa mère, responsable légale, l'autre à son grand-père, Sven, qui parle le danois avec l'accent suédois... Bref sur ce canevas c'est la remise en cause de toute la vie d'Ingrid, et de son milieu familial, sa mère, ses rapports avec son fils, son beau-père Sven etc. mais je ne suis pas allé très loin, une dizaine de pages et le livre m'est tombé des mains.
L'histoire est ce qu'elle est, cependant ce qui est franchement très difficile à accepter c'est la traduction ! Le livre est illisible au sens littéraire du mot.
Une traduction incroyablement faible, presque au mot à mot. On se demande si le traducteur n'a pas utilisé tout simplement le "traduire" de Google-Wikipédia ? C'est bourré de clichés, de formules comme (Extraits) :" sa mère a passé les premières soixante-huit années de sa vie en tant qu'enfant trouvé de la liberté..." ? "son hypothétique garçon en fauteuil roulant..." "... dans leur suite raisonnable et active..." "Comme si c'était un outrage à son égard et non à celui de sa victime, s'il a été pris dans le fait dans la position de l'agresseur"... "...le contenu moral de l'événement aura du mal à dépasser leur amour et leur pardon sans limite"...etc.

Le comble c'est que ce bouquin est cité dans les livres à lire par le numéro spécial la revue LIRE pour les Littératures nordiques !
Pour la traduction : 0/20
Hermès

mercredi 23 février 2011

Jean Lartéguy. Témoignage de Michel Thilloux, in Le Figaro du 23 février 2011

"Jean Larteguy est mort et avec lui toute une imagerie de l'Indochine.J'entends encore les bruits de l'averse tropicale qui crépite sur les feuilles de bananier;la rue s'est transformée en un torrent rougi par la latérite.L'air exhale des parfums de fleurs,de terre humide mais aussi de cuisine asiatique.Passent,noyés par les trombes d'eau des cyclos,des petits marchands poussant de petits chariots chargés de minuscules fourneaux à charbon de bois et de fruits.Nous sommes tout les deux attablés à la terrasse de l'unique hôtel de Vientiane,alors situé dans la zone dite neutre,la ville étant alors divisée en trois zones militaires.Nous trinquons avec une bière locale et il m'évoque les tambours de bronze et me conte leur origine.Placés sous les chutes d'eau en période de festivités,ils résonnent dans la forêt sous la puissance des cataractes.Il préparait ce livre et notre rencontre fut celle du hasard.Nos chemins se sont simplement croisés;pour lui j'étais et resterai un inconnu et pour moi ce fut le visage de celui qui au travers des "Centurions"et autres ouvrages,a traduit ce mystère inexplicable qui entoure ces pays que sont le Viet-Nam,le Cambodge et le Laos.Le baroudeur est parti au son des clochettes qui tintent sur les toits des temples de Louang-Prabang,dans les vapeurs d'encens qui émanent des millions de bâtonnets qui se consument jour et nuit devant les statues de Boudha au travers de ces contrées qu'il a si bien connues et tant aimées.Au travers des faits de guerre qui ont ensanglanté cette péninsule indochinoise,il a su peindre le marchand de soupe,le bonze,le cyclo-pousse et tous les petits métiers de ces peuples dont une grande partie de la vie se déroulait dans la rue,sur les marchés,dans les fumeries,les cantines dans un tintamarre de cris et de bruits.Adieu Monsieur Larteguy.Vous êtes sans aucun doute sur les bords de l'arroyo de Saïgon,admirant le coucher de soleil sur le fleuve."
Michel Thilloux
Jean Lartéguy, soldat, grand reporter, Prix Albert Londres, auteur des "Centurions", des "Mercenaires" notamment. Divers éditeurs, et Films.

mardi 22 février 2011

A propos de "Mélancolie Française" de Eric Zemmour, Fayard-Denoël Edit. 251 pages 2010

La tristesse mélancolique des Français, Eric Zemmour, la met sur le compte de la nostalgie de n'avoir pu dominer par leur civilisation l'Europe, et derrière l'Europe, régner sur le monde, à l'instar de Rome, de l'empire Romain, qui régna sur l'Occident du bassin méditerranée et l'Europe romaine jusqu'en 471, date de sa chute. Il oublie que l'empire greco-romain durera à l'Est du bassin méditerranée jusqu'à la chute de Constantinople en 1453(soit mille ans de plus), ayant entre temps perdu la domination de l'Egypte, de l'Afrique du nord, du Moyen-Orient passés sous contrôle des Arabes et des Turcs, avec des vicissitudes mongoles, les Croisades, etc.
En réalité après Charlemagne, qui a essayé de reconstituer l'empire d'Occident et avait été reconnu par l'empereur d'Orient, les jeux sont faits. Le traité de Verdun partage les conquêtes de Charlemagne en trois entités qui vont dominer l'histoire de l'Europe et en partie du monde jusqu'à aujourd'hui.
Dans ce maeström,la politique des rois de France a été d'agrandir leur territoire. Ils vont le faire jusqu'à la Révolution, pendant huit cents ans, par le jeu des alliances : la lutte contre les Habsbourg, Charles Quint..., le Saint Empire Romain germanique, les puissances protestantes dont l'Angleterre etc. Tout ça c'est l'Histoire, et tout un chacun pourra l'étudier à travers Wikipédia ou des manuels précis.
L'Universalisme dont parle Eric Zemmour, c'est à dire, une culture commune, un esprit commun, une façon de vivre, de croire, de penser commune, qui démarre dans la Grèce du 9° siècle avant Jésus-Christ avec Homère, et se répand dans tout le monde grec, dans l'empire d'Alexandre le Grand, puis dans Rome et l'empire romain et perdurera jusqu'à aujourd'hui, englobant les peuples qui veulent s'y associer, c'est un universalisme philosophique et chrétien, basé sur l'homme, le respect et la grandeur de l'homme. Si il y a eu des actions contraires à cet idéal, ils furent le fait d'individus, de détournement du moteur de la pensée. Mais c'est là que se trouve le creuset de la civilisation occidentale, dont la France est l'un des héritiers, et l'un des acteurs fondamentaux, comme l'Allemagne de Goethe, l'Italie des splendeurs, l'Angleterre de la connaissance et de la rigueur, la Hollande de Spinoza, la Russie de Tolstoï et de Bounine, L'Espagne de Lope de Vega, du Greco etc.
Aussi dire que "La Mélancolie française" viendrait d'un désenchantement parce que la France n'a pas pu "dominer" l'Europe comme à l'époque du traité de Wesphalie ou de l'empire napoléonien, ou même être une super puissance comme au lendemain de la première guerre mondiale, me semble faux.
"La Mélancolie française", si elle existe, viendrait plutôt d'une fantastique fatigue dûe aux innombrables problèmes qui corsètent les énergies vitales. Pris dans les rets d'une réglementation fastidieuse l'homme et la femme de ce début de siècle ne s'appartiennent plus. Ils sont dans l'engrenage de la dépendance. Seuls surnagent ceux qui tentent de s'abstraire du servage, soit par la richesse, soit par la pensée, soit par la notoriété, soit par la domination. Mais ils ne représentent peut-être que quelques pour cents de l'ensemble de la population. Les autres avancent en aveugles, avec de temps en temps des grèves, des coups de gueule, des manifestations... Mais de "Mai 68" on n'en voit pas à l'horizon à cause des dettes accumulées, des boîtes où danser, des raves, des "marques", des programmes savamment dosés à la télévision, des consoles de jeux etc. Nous sommes dans le ronron de l'hypnose.
Si il y a une "Mélancolie française", elle ne s'est posée que sur des personnes qui réfléchissent, supputent, s'interrogent.
Aussi l'important est plutôt de lutter contre le laisser-aller, refuser le diktat de la pensée unique, refuser l'embrigadement, et créer à travers l'outil merveilleux de la langue. Ce qui a fait la force de l'attraction française dans le monde c'est sa langue, sa pensée, les oeuvres littéraires transportées partout dans les poches, les sacs... aujourd'hui Internet, Google, ses oeuvres artistiques comme les Nympheas etc.
Ceux qui entravent, ou brisent, ou faussent la création littéraire, nourrissent cette "Mélancolie française".
Eric Zemmour a tenté de tracer en perspective la trajectoire de la France, en amoureux admiratif de son pays, mais il a oublié deux éléments :1/ l'âme profonde qui vient de la Grèce antique, de Rome, du christianisme des monastères, de l'Italie de la Renaissance et de l'Histoire qui se fait. 2/ que la France est un pays en guerre civile continuelle, d'abord en Gaule, Romains contre tribus gauloises, puis serfs contre seigneurs, et les clercs, puis les seigneurs entre eux, et contre l'autorité de l'Etat royal, puis la Révolution, Napoléon contre l'Ancien Régime, les Biens nationaux, la Commune, le XX° siècle, les partis, l'Occupation, la Collaboration, la Libération etc.
Il faut ajouter que l'empire colonial s'est souvent constitué contre l'opinion de la grande majorité de la population, par hasard, par à coups, par l'audace de quelques-uns, et qu'il restera mal aimé, malgré les efforts des expositions coloniales, tout en assurant la diffusion des principes de la Révolution, des Droits de l'Homme, de la langue et de la culture françaises.
Reste que le livre d'Eric Zemmour est une superbe réflexion, un chant au son particulier.
15/20
Henry Zaphiratos

dimanche 20 février 2011

Bratislava, de François Nourissier, Grasset Edit.1990, 238p.

Lorsqu'on pense que François Nourissier était considéré comme le "pape" des Lettres françaises, et qu'il a régné pendant trente ans sur elles, on comprend, à la lecture de ses textes, la décrépitude où celles-ci sont tombées. Je viens de refermer son bouquin "Bratislava", après avoir lu son "A défaut de génie" que j'ai analysé par ailleurs. C'était un jeune Rastignac des lettres, qui a réussi à diriger des sociétés d'Editions,à recevoir des prix etc. à se faire balader à travers le monde de salons en conférences, mais lorsqu'on lit ses textes on reste pantois.Il savait qu'il n'avait aucun génie, d'ailleurs, il l'a écrit, c'était une sorte d'imposteur de la grande littérature. Et en plus il portait un regard de petit-bourgeois étriqué, jaloux, et surveillait son pré carré pour empêcher qu'on ne le dégommât. Un critique a écrit de son style que c'était un "robinet d'eau tiède". Si on y ajoute le mépris dans lequel il tenait sa vie d'enfant, le regret qu'il dût "apprendre" ce qu'était que le beau dans les décors de la vie, le ton avec lequel il parle de sa mère mourante. Allant avec la Croix-rouge catholique en Palestine, au Caire, tout jeune homme, il n'a eu aucune émotion pour les paysages, l'esprit des lieux, rien. C'était les personnalités du lieu qui l'intéressait, et Massignon principalement, ça faisait plus chic, plus snob, grand intello...

C'est triste de découvrir que peut-être la littérature est passée à côté de grands auteurs à cause d'un maître de l'édition, d'un pape, somme toute qui savait ce qu'il valait.
4/20
Hermès

samedi 19 février 2011

LA CONJURATION DES ANGES, polar fantastique de Henry Zaphiratos, Chiron-Athena, 434p. 2007 - Critique parue dans la revue "Mabibliothèque"

Dan Brown s’est demandé si Jésus avait épousé Marie-Madeleine, et, cette question il l’a posée devant le trouble que provoque la Cène de Léonard de Vinci, où saint Jean a le visage d’un androgyne ou d’une femme. Dans le roman "La Conjuration des anges" l’auteur décrit un monde surnaturel et parallèle au nôtre.

Ce monde, peuplé d’anges, nous surveille, veille sur nous, malgré nos folies meurtrières. Ainsi dit-il la Bombe A a été mise au point par les Alliés (Américains) et non par les Nazis, qui travaillaient dessus. C’est gràce à un léger coup de pouce d’un "ange" que l’humanité n’a pas sombré sous la botte des hitlériens, partis à la conquête du monde.

Ce roman se déroule à Paris, aux USA, et dans le sud de la France, et met aux prises des forces du Mal, avec des hommes en noir (Men in Black), les célèbres MIB, et les descendants des Templiers, qui veillent, dans des organisations secrètes, sur le monde, et le défendent. Un jeune étudiant,Edouard, et une jeune étudiante américaine, tombent en plein dans cet affrontement, et sont poursuivis par le commissaire Marceau, qui les soupçonne du meurtre du père d’Edouard. Des MIB poursuivent le couple qui fuit.

L’enquête policière mène, après de nombreux rebondissements dans Paris et l’Ouest de Paris, à une cité de haute technologie, souterraine, au coeur des Cévennes. Là, deux mondes s’affrontent dans une guerre sans merci. Des monstres recréés par leur ADN, surgissent, des Mutants, mi-hommes mi-poissons, apparaissent ainsi que des fantômes de chevaliers teutoniques. Un combat avec des armes de haute technologie, s’engage. Edouard, sa petite amie, le commissaire Marceau en réchappent par miracle.

Un polar fantastique qui transporte.
Lundi 15 novembre 2010 Mabibliothèque
18/20

Les Parias de la Littérature... L'Auto-Edition...

Réponse à une question :
Le livre auto-éditeur coûte moins cher qu'un livre à compte d'auteur.
Cependant avant de le remettre à l'imprimeur il faut bien: a/ maîtriser la mise en page sur le PC, écrire en Garamond 14 b/ Bien corriger : syntaxe et orthographe doivent être impeccables c/ Enregistrer son livre en en N°ISBN et EAN pour l'identifier pour les libraires et la Bibliothèque Nationale.
Puis mettre une belle couverture et un 4° de couverture clair qui présente l'auteur et explicite le livre. Ainsi vous aurez un livre "professionnel". Après... c'est le travail de la vente sur la FNAC-AMAZON-DECITRE etc. et les libraires qui voudront bien les exposer... C'est au petit bonheur la chance.
Ne pas penser à avoir des critiques ou passer dans une émission TV ou radio. C'est pratiquement IMPOSSIBLE, car les critiques et TV écartent systématiquement les livres qui ne viennent pas d'éditeurs. Ils estiment qu'un livre auto-édité ou à compte d'auteur n'a pas de valeur littéraire ou autre, n'étant pas passé par le filtre de "lecteurs" ou "comité de lecture. Cela ne veut pas dire que ces livres ne soient pas bons, ils sont souvent supérieurs à la moyenne des livres édités par les maisons d'édition, dont parfois certains sont de vrais navets à jeter. Les 4/5 des livres publiés viennent par le biais de relations ou copains qui tournent autour des Maisons éditoriales et recommandent les livres. Ainsi Anatole France avait recommandé Marcel Proust, Malraux aussi a été recommandé, Jean Cocteau a recommandé Raymond Radiguet, Verlaine a recommandé Rimbaud etc. Les auto-édités ou à compte d'auteur vivent dans la solitude la plus totale. Ce sont les parias de la littérature. M.E. Nabe par exemple se bat pour exister, malgré ses qualités littéraires indéniables.
C'est une aventure. Mais écrire est déjà une grande aventure...

A rappeler que Stendhal lui-même participait à l'édition de ses premiers livres en payant au libraire-éditeur le papier... (cf.Souvenir d'égotisme,1832)

Lecturepourtous.blogspot.com critique tout librement.
Hermès

mercredi 16 février 2011

"A DEFAUT DE GENIE", autobiographie, François Nourissier, Gallimard, 2000

François Nourissier vient de mourir. Son "A défaut de génie " est une re-visitation, au laser, de sa vie.
Ce livre est une révision déchirante des valeurs avec lesquelles l’auteur a vécu ce XX°siècle. Ce sont les Mémoires d’un Rastignac du XX°siècle qui retrace sa vie par touches impressionnistes, et qui, désabusé, enlève le masque qu’il a porté toutes ces années pour jouer la comédie des « Lettres » et gravir les échelons de la renommée, de la réussite .
Derrière les griffures, perce le sourire, parfois la tendresse, notamment dans les pages consacrées à Cécile et à ses enfants, et ses petits-enfants. Le lecteur attentif doit se livrer à un véritable jeu de piste pour suivre le long fleuve pas très « tranquille » de la vie de ce petit-bourgeois catho à la belle gueule bourré d’ambition, et comme dans tout bon roman policier il lui faut « cherchez la femme » ou, plutôt, « les femmes ».
La littérature et les femmes, de Chardonne, Montherlant à Mauriac, tout un monde défile que l’on aime ou que l’on a oublié, Clara et sa fille Florence avec Gallimard/Denoël, Edmonde avec Vogue/Adam/ Plon/ et « Adieu Palerme »,… et d’autres encore qui vous surnomment Monsieur Deux-Fois parce que peut-être pas très appétissantes, et ainsi, comme dans
« Carnet de bal » où le valseur passe de l’une à l’autre, l’auteur va de l’une à l’autre, grimpant « chaque fois »( ?) d’un degré à l’autre. Fascination du jeu de piste du « qui est qui ? » les places à conquérir…de la carrière à réussir… Et au soir de sa vie, comparer celle-ci à celle de ses contemporains, de ses anciens condisciples, peut-être que vivre n’aura été qu’une surveillance de tous les instants du parcours des « autres », et enfin, le « j’ai réussi ! je suis comblé d’honneurs !» et l’ « et puis après ? » janséniste, et dans quel état ? Avec le désenchantement au fond du cœur, les désillusions. « C’était donc ça ? » Un héros balzacien dans son palais hurlant de rage l’« A nous Paris ! » de sa jeunesse !
Ceci sans illusion lyrique, un long constat de police, une rude auto-explication très proche du « Nœud de Vipères » de Mauriac. L’amertume, la colère que ce n’était pas ça ce qu’on avait voulu, rêvé, que ce n’était pas ça le but, la démarche profonde, secrète, vitale… Où est mon œuvre ? Mais où donc est-elle ? Constatation amère de toute une vie : "Je ne suis pas un génie! "
Et dans le chapitre « Elsa-Louis » la perception d’avoir été floué, très intense, dans les « petit », les « fils » du bel Aragon, farceur et simulateur de la bonne conscience, de la littérature, de la « cause du prolétariat » des « Lettres Françaises » pour un cocon douillet fourni par le PCF à l’ombre des Goulags et de l’ogre Staline, du petit Père des Peuples, l’abominable salaud dominant ce siècle de salauds. Des conards criminels « allumant » des drapeaux rouges devant les regards éperdus de knouts qu’ils vont hacher menu, de la chair à canon. Similitude avec les mensonges ostentatoires d’un Sartre décortiqués par BHL dans son « Siècle de Sartre ».
Et cette interrogation dramatique : qu’aurais-je fait si j'avais eu quelques années de plus pendant l’Occupation ? avec ma culture étriquée de petit-bourgeois, mon snobisme devant le charme du lieutenant Heller, les séductions d’un Morand, d’un Drieu, d’un Chardonne, les triomphes d’un Montherlant, d’un Anouilh, d’un Sacha ? Les beautés d’une Corinne Luchaire ? Quid de moi ?
L’inespoir ?
Heureusement que cette tendresse honnie perce dans ces pages sur les enfants, sur Cécile, sur…
Ce livre, c’est la chevauchée du siècle. Les confessions d’une des plus grandes duperies de l’Histoire.: «J’y étais, j’y ai participé, j’ai grimpé au cocotier, je m’y suis accroché, mais mon Dieu pourquoi ? qu’ai-je découvert ? »: Rien, si : ma vacuité.
Un livre intéressant par sa vérité, son courage désespéré, son mépris pour les fatras idéologiques, les parades de ce siècle. A peut-être mettre dans sa bibliothèque à côté des Mémorialistes, près des « Mémorables » de Maurice Martin du Gard ?
Ses autres ouvrages ne sont que petitesse. Ce sont des livres d'un homme de lettres besogneux, triste, qui savait n'être pas un génie et qui cherchait à faire prendre pour des lanternes, ses vessies. Il n'a pas senti la beauté des paysages, de la nature, des pays changeant, la profondeur de l'espérance. A la place qu'il occupait dans les Lettres, combien d'écrivains en devenir a-t-il découragés, rejetés dans l'oubli, pour rester tout en haut du cocotier ?
Son style est banal, presque médiocre. "Un robinet d'eau tiède" écrira un critique.
10/20
Henry Zaphiratos

dimanche 13 février 2011

Rosa Candida, roman de Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'Islandais par Catherine Eyofsson, Zulma Editions 2010

Un extrait : la réflexion du personnage principal, le jeune Amljotur, qui vient de mettre enceinte l'amie de son copain : « Je suis bien obligé de me demander comment deux personnes, qui ne se connaissent pas, ont pu faire pour fabriquer un enfant aussi divin dans des conditions aussi primitives et inadéquates que celles d’une serre. Il s’en faut de peu que je n’éprouve du remords. Plein de gens ont tout juste, se courtisent de manière constructive, accumulent peu à peu les biens du ménage, fondent un foyer, ont la maturité nécessaire pour résoudre leurs différends, paient leurs traites à échéance et n’arrivent quand même pas à fabriquer l’enfant dont ils rêvent. » C'est le genre de réflexions faussement naïves dont l'auteur truffe le livre.
"Rosa Candida", le titre du livre, est le nom latin d’une fleur, une rose à 8 pétales que la mère, qui l'a cultivée dans sa serre, confie à Amljotur, son fils, avant de mourir dans un accident de la route, par un ultime appel de portable.
Le jeune homme abandonne alors son père "octogénaire" et son frère "autiste" et s'en va dans un ermitage en ruine où vit un vieux moine cinéphile. Là, il tente de cultiver ses 3 boutures de Rosa Candida, et retrouve Anna, l'amie du copain avec qui il a couché, et à qui il a fait une petite fille.
Extrait : «Je suis en plein milieu d’un torrent en crue, dans la spirale du tourbillon et je ne vois plus la terre, il est clair qu’en vingt-deux ans je n’ai rien appris.» On sent que l'auteur est là, dans le jeune homme, et que celui-ci par l'effet de la substitution n'est plus lui-même.
«Je n’ai jamais été doué pour prendre des décisions irrévocables au point d’exclure toutes les autres options. En tout cas, pas quand il s’agit de personnes et de sentiments». Il dit cela, mais se contredit car il a bel et bien abandonné son père de 80 ans et un frère infirme.
Puis viennent des réflexions de l'auteure sur la mort. Celle-ci découvre que la naissance est liée à la mort. Et elle s'étonne à travers une réflexion de son personnage que(Extrait) «... à la faveur d’un instant d’inattention, se trouver dans la situation d’avoir involontairement un enfant avec, pour ainsi dire, l’amie d’un ami et que la petite personne qui tient un demi-biscuit dégoulinant à la main est le fruit d’un pur hasard, qui vit désormais sa propre vie.» Ce qui existe n’existait pas, ce qui existe pourrait donc ne plus exister. La vie est un passage." Puis le personnage tente de comprendre Anna, la mère de sa petite fille, et il s'en ouvre au moine, Frère Thomas, (extrait) : "...il vient vers moi et me tend la cassette : “Tu pourrais apprendre pas mal de choses sur la vie sentimentale des femmes en regardant Antonioni”». Conclusion c'est par un film d'Antonioni et un moine cinéphile que le jeune homme va comprendre les femmes !
Un texte médiocre et mal traduit.
Il y a un océan littéraire entre ce livre, et le chef d'oeuvre d'Ivan Bounine "La Vie d'Arséniev" qui raconte aussi la découverte de la vie par un jeune homme.

8/20
Hermès

samedi 12 février 2011

La Conjuration des anges, d'H. Zaphiratos, 2007, Chiron-Athéna Edit. 434 pages 22€ Fnac-Amazon

Lecture débutée assez rapide, puis decrescendo, puis retour à la première page afin de lire ce bouquin à l'allure qui convient.Un bouquin mêlant le thriller aux faits historiques. Ecrit dans un style particulier, délicat et vivant. Alors que je pensais que les Templiers avaient disparu à jamais après l'action du pape et de Philippe-le-Bel, ils réapparaissent dans ce roman, et semblent vivre parmi nous. Ils se battent depuis des siècles contre les Croix Noires des Chevaliers Teutoniques, qui eux veulent dominer le monde en se servant des expériences, genre Frankeinstein, avec les dernières découvertes de la sciences : Internet, Ipad, hologrammes, armes bactériologiques, E-bombe etc. Toute l'humanité va à la catastrophe. Les services secrets sont mobilisés. Le commissaire Marceau et son adjoint le lieutenant Desaffre vont de surprise en surprise...
P.H.C.

lundi 7 février 2011

A propos de la réédition du "Camp des Saints" de Jean Raspail

Jean Raspail dans son bouquin spécule sur la soudaineté et l’amplitude du mouvement migratoire : un million d’un seul coup arrive et noie le sud de la France. Il “pense” comme les grandes “invasions” qui ont secoué l’Europe et l’Afrique du Nord avec les Vandales, les Goths, les Wisigoths, les Francs etc. Or s’il y a une similitude avec le désir et la volonté de s’approprier les richesses de la civilisation gallo-romaine, ou greco-romaine, et qu’il y a eu métamorphose de ces peuples en s’intégrant dans l’ensemble latin ou greco-latin, bien sûr en le modifiant, il y a une différence fondamentale, c’est que l’ensemble européen a un rayonnement économique, intellectuel, démocratique, qui fascine les autres peuples, et qu’ils cherchent à “s’intégrer” avec leurs diversités dans cet ensemble. La machine littéraire et culturelle française est un élément fondamental de ce mouvement, dont le creuset est l’école, les diverses manifestations culturelles : musées, festivals, opéras etc. Tout le fondement de ce que nous sommes.

mardi 1 février 2011

MIGONDO, de Pierre-Henri Chanjou, "IN AFRICA" ou "AFRICA JOHN" Un hymne au Coeur de l'Afrique, 375p. 2009, 30€

Karen Blixen a écrit un livre magnifique sur sa vie en Afrique Orientale, "La ferme africaine", dont Sydney Pollack a tiré le très beau film : ""Out of Africa ou "Souvenirs d'Afrique". Pierre-Henri Chanjou a écrit un livre aussi magnifique sur sa vie en Afrique Occidentale (Gabon-Congo-Côte d'Ivoire-Mali-Niger-Haute-Volta, etc.) avec une très belle description d'une traversée du Sahara en Land-Rover, avec pélérinage au Tibesti, à l'Assékrem, l'ermitage du Père Charles de Foucauld, ancien officier devenu géographe, linguiste(dictionnaire touareg-français)puis religieux, qui fut assassiné en 1916 par des pillards.
L'Afrique Occidentale est entrée dans le coeur de Pierre-Henri Chanjou, avec ses savanes,ses immenses forêts tropicales dont il énumère et caresse les grands arbres comme de "Copaifera Religiosa", "le roi des arbres, très grand, très gros, très droit, son tronc est rouge. Il dépasse largement tous les arbres de la forêt Equatoriale... Il a a le pouvoir de donner la richesse, les honneurs, la célébrité... Son écorce odorante est au nombre des aromates, qui sont offerts aux esprits...", comme ses grands fleuves comme l'Ogoué, "l'une des merveilles du monde" avec ses rapides... Il faudrait énumérer les éblouissements de Pierre-Henri Chanjou devant les splendeurs de l'Afrique: sa rencontre avec les Pygmées, "premiers hommes de la terre", leur façon de vivre, de chasser, les grands fauves, les éléphants, dont l'éléphant nain ou "Loxodonta Africana Pumilio" dit l'Assala des Pygmées, et les autres bêtes sauvages de leur région. Splendeurs qu'il voudrait qu'on les protégeât contre les innombrables "braconniers", qui massacrent pour se nourrir ou fournir en viande les restaurants des grandes cités d'Afrique, qui dévastent, tuent et pillent pour s'emparer des défenses d'éléphant, et autres richesses. D'où la nécessité de créer de grands parcs naturels protégés par des gardes forestiers et des chasseurs sous licence, appelés, comme en Europe pour les animaux sauvages comme les sangliers, les cerfs etc., à réguler les quantités afin qu'ils ne portent pas préjudice à l'homme, comme dans cette région de l'Inde où cent paysans sont dévorés chaque année par les tigres(2010) (le tigre du Bengale), où de Sibérie où des meutes de loups attaquent des villages, ou encore, en Angleterre, où des renards entrent même dans certaines villes pour faire les poubelles... Régulation par la grande chasse contrôlée.
Pierre-Henri Chanjou a participé à plusieurs constitution de parcs naturels sous l'égide des ministères des Eaux et Forêts des pays en question, particulièrement du parc de "Migondo", titre du livre. Ces expériences comme celles de la surveillance et la direction de la chasse au grand gibier, contrôlée par les gouvernements locaux, lui ont fait approcher des peuples divers, riches de cultures différentes, de croyances différentes comme ce peuple qui considère les crocodiles comme leurs ancêtres, leur parle, leur offre des poulets à déguster etc. L'Afrique, "IN AFRICA", de l'"intérieur".
Ce livre-témoignage est essentiel à la découverte du coeur de ce continent, de ses richesses touristiques, de ses trésors naturels. Il est aussi essentiel à la compréhension des peuples de ce grand continent, dans le continent, qu'est l'Afrique Centrale-Equatoriale-Occidentale.
Le livre est servi par une écriture romantique et précise, et une sincérité qui fait voir et vivre les aventures, dignes des grandes productions hollywoodiennes avec Winchester-Avion-Cessna-pirogues-lianes-machettes etc. Une flamme anime Pierre-Henri Chanjou, comme elle a animé Karen Blixen quand elle écrivit ce qui deviendra "Out of Africa". Rappelons pour mémoire que Louis-Ferdinand Céline a écrit des pages féroces sur l'Afrique, dans "Le Voyage au bout de la nuit". Ici, nous ne sommes plus dans cette Afrique, mais dans un monde à protéger, à développer, à aimer.
L'auteur a écrit un autre très beau livre sur les "Moïs" des Hauts-Plateaux du Viêtnam avec "Le Feu sacré", livre consacré aussi, en partie, à l'Afrique.
Des photos très "Africa John" illustrent "MIGONDO".
16/20
Henry Zaphiratos
-Texte publié dans l'Express-web le 3 février 2011, suite à l'art. de F. Busnel sur le polar "Guerre sale" de Dominique Sylvain.
MIGONDO de P.H. Chanjou est disponible chez l'auteur à Sérignan 34410 F.